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Les combattants de l'aube :
Les compagnons de la Libération d'origine lorraine

Jérôme Estrada de Tourniel

(broché) - 01/2014,  éditions Serpenoise, prix public : 29 €





14-18                     
Les images insolites de la Grande Guerre

De notre ami Gino Tognolli, 2014

Editions Vent d’Est – prix public : 25 €

 

39/45, des Lorrains se souviennent
Bernadette GOTTI
Autoédition, 2014, prix public : 20 €

Ravenel et ses occupants imprévus 1939-1945
Stéphane Cursan, Jean-François Dray et Agnès Goujon
éditions AGAMI, 2014, 255 pages –prix public : 20 €



Du projet d'édification et sa première pierre posée en 1937 au Centre hospitalier d'aujourd'hui, l'hôpital psychiatrique de Ravenel est devenu indissociable de la vie économique, sociale et historique de Mirecourt. Pourtant, l'histoire ne lui a pas laissé le choix de ses événements. A peine sorti de terre, des hôtes imprévus au nombre de quatre, bien distincts, vont partager ses locaux, son parc, ses alentours. L'histoire s'est enfouie doucement avec le temps mais il a fallu juste creuser pour retrouver traces de ceux qui, avant les spécialistes des soins psychiatriques d'avant-garde venus à Ravenel en avril 1947, ont été les premiers occupants malgré eux. Ils furent Français, Allemands puis Américains et cela dura de septembre 1939 à mars 1945.Il fallait aussi la rencontre imprévue, quelques 74 ans après, de deux petits-fils en quête d'informations sur leurs grands-pères respectifs, prisonniers de guerre dans le Frontstalag 120 de Ravenel-Mirecourt, pour faire revivre cette autre grande histoire, celle du Centre hospitalier de Mirecourt dans son intégralité qui est rendue aujourd'hui d'abord à tous ceux qui séjournent dans cet établissement, mais aussi aux Mirecurtiens pour leur patrimoine culturel et identitaire. Et puis, au département des Vosges qui retrouvera ces épisodes de l'histoire de l'ouest vosgien d'un de ces établissements hospitaliers dont le Conseil général fut l'instigateur.

Grâce à des recherches méthodiques plus de deux ans durant, bénéficiant du concours de l'hôpital et de la population qui a fourni de nombreux témoignages, les auteurs sont parvenus à retracer cette histoire de l'occupation de Ravenel durant la Seconde Guerre mondiale. En fait, il s'agit de quatre occupations : de septembre 39 à juin 40 par l'armée française, de juin 40 à mars 41 par le Frontstalag 120, de juillet 42 à septembre 44 par la Wehrmacht, de septembre 44 à mars 46 par l'US Army.

 EST REPUBLICAIN     REGION LORRAINE  dimanche 23 février 2014
Sur les 1.038 compagnons de la Libération, 45 sont d’origine lorraine. Parmi eux, une des six femmes reconnues par De Gaulle. Un ouvrage raconte ces destins exceptionnels

Ceux qui ont dit « non »
L’ouvrage de Jérôme Estrada est illustré de documents souvent inédits. Photo Alexandre MARCHI

Nancy. Elle s’appelle Marie-Alice Parmentier. Née à Rombas en Moselle en 1905, cette brillante étudiante en archéologie va croiser à l’Ecole du Louvre à Paris, la route de Joseph Hackin, originaire du Luxembourg. Seule Lorraine parmi les 1.038 Compagnons de la Libération, un ordre créé par De Gaulle le 17 novembre 1940, qui ne compte que six femmes.

La Lorraine, terre militaire et patriote

Avec son mari, elle va découvrir un trésor, toujours exposé au musée Guimet à Paris, à Bagram en Afghanistan. C’est là que dès le 19 juin 1940, le couple se rallie à De Gaulle. Sa devise : « Le danger est une bonne règle de vie car il mesure exactement la valeur de la personnalité humaine ». Après un séjour de trois mois en Angleterre, Marie-Alice, qui a eu le temps d’organiser le corps libre féminin à Londres, et Joseph Hackin repartent vers l’Asie. Ils embarquent le 20 février 1941. Quatre jours plus tard, le bateau est torpillé. Ils meurent ensemble « pour la France ». Ils seront faits Compagnons de la Libération à titre posthume, seul couple à avoir cet honneur.
La Lorraine compte 45 Compagnons de la Libération, « en nombre c’est la cinquième région et la Meurthe-et-Moselle figure au 5e rang de tous les départements », souligne Jérôme Estrada de Tourniel, journaliste à L’Est Républicain et historien, qui leur rend hommage dans « Les combattants de l’aube » ; 45 à avoir dit non, 45 à s’être levés contre l’Allemagne nazie mais aussi contre Pétain et le régime de Vichy. « La Lorraine a toujours été une terre militaire et patriote », poursuit l’auteur. « La région est également proche de la frontière voire annexée et le traumatisme des guerres de 1870 et 14-18 marque encore les esprits ».
Dans un ouvrage très documenté et illustré de documents souvent inédits, Jérôme Estrada raconte, à travers les portraits de ces 44 hommes et une femme, l’épopée de ceux qui se sont engagés à un moment où la victoire n’était encore qu’un rêve. Ces soldats de toutes les armes ne se connaissaient pas nécessairement entre eux. Ces héros méconnus se trouvent au Moyen-Orient dont le capitaine Fourrier, en Afrique comme Robert Crémel, l’un des trois premiers Français libres tués le 23 novembre 1940 à Dakar par un obus tiré par les hommes de Vichy, et en France dans la Résistance.
Au fil des pages, se croisent le Messin Jean Fèvre, professeur à l’école des cadets en Angleterre ; François Jacob, futur prix Nobel de médecine né à Nancy ; le syndicaliste René Peeters inhumé à Vandœuvre ; Pierre Messmer qui deviendra chancelier de l’Ordre de la Libération ; l’aviateur Jean Tulasne, Nancéien commandant de Normandie-Niemen, disparu lors d’une mission dans l’Oural ; Henri Karcher, qui a fait prisonnier von Choltitz à Paris ; André Gravier, homme du génie sans lequel, selon Leclerc lui-même, « la 2e DB n’aurait pu réaliser les performances exécutées » ; le Lunévillois Jacques de Guillebon, ami du même Leclerc ; Henri Adeline de Verdun, chef des FFI du sud-ouest, qui a libéré Bordeaux et un champion olympique au fleuret par équipes à Los Angeles en 1932, le Nancéien René Lemoine.
Après-guerre, beaucoup poursuivront une carrière militaire. Baroudeurs, certains feront des affaires en Afrique, d’autres deviendront chefs d’entreprises, « quelques-uns finiront dans la misère », signale Jérôme Estrada, « mais l’Ordre de la Libération n’abandonne jamais les siens ». Dix-neuf d’entre eux sont encore en vie.

« Les combattants de l’aube », de Jérôme Estrada de Tourniel, 29€ (Éditions Serpenoise
Patrick PEROTTO

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