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1)      Cpt Alois J. LIETHEN  
Témoin de l’histoire

Nous vous avions annoncé une pause dans les belles histoires de la période de fêtes … 
Mais comment ne pas partager celle qui suit, succession de coïncidences et d’épisodes aussi marquants de la Seconde Guerre Mondiale.

Ce matin, au courrier, comme de tradition à cette période, quelques cartes de vœux. Une en provenance des Etats-Unis. Des colombes de la Paix, quelques mots amicaux, et, un insigne en tissus.
Moment d’émotion, et pourquoi le cacher, une boule dans la gorge.  La carte est envoyée par Michael Liethen du Wisconsin, l’insigne du XXème Corps d’Armée US lui vient de son père le Capitaine Alois J. Liethen, Officier en charge d’une équipe d’interrogatoire des prisonniers de guerre (IPW 69), attachée au service de renseignements du XXème Corps de la 3ème Armée Américaine durant la Seconde Guerre Mondiale.

Durant la guerre, Alois Liethen a écrit plus de 400 pages de lettres à sa femme et à sa famille. Ces documents sont maintenant déposés aux archives de la Wisconsin State Historical Society à Madison.

Il y aura, dans quelques jours, très exactement 3 ans que Michael Liethen avait sollicité de l’aide pour identifier quelques photos non légendées avant de les déposer également aux archives.
Michael est né le 01 décembre 1944, alors que son père était envoyé en Europe. Il n’avait que 17 ans lorsque son père est décédé.

Trois ans de correspondance par Internet, trois ans de recherches croisées, trois ans d’échange d’informations, trois ans qui font évoluer une correspondance polie, en complicité, et qui, avec le temps, se transforme en amitié.


Octobre 1944, le Lt Alois Liethen à Valleroy

Sur sa manche l’insigne du XXème Corps


Grace à Roger Martinois, professeur d’histoire, et cheville ouvrière du Cercle d’Histoire de Joeuf, les premières photos sont identifiées.

Elles ont été prises à Valleroy, où le camp de prisonniers de guerres Russes, du temps des Allemands, a été transformé en camp de prisonniers de guerres Allemands par les Américains.

Octobre 1944, le camp de P.G. à Valleroy

Michael envoie également la lettre écrite par son père à sa mère relatant une anecdote du 29 octobre 1944.
Rentrant dans l’église de Valleroy (54), Alois Liethen alors avait retiré son Colt, et l’avait mis dans son casque qu’il tenait sous le bras. Un mouvement malheureux, le casque et le Colt tombent au sol dans un bruit assourdissant, qui fit se retourner toute l’assemblée.
Relisant les lettres qu’il a transcrites avant de les déposer aux archives, Michael, cherche des précisions sur l’éventuelle existence d’un camp de concentration dans le secteur où était affecté son père. Toutes les informations concernant le camp de Thil lui sont envoyées.
Surprise, Michael répond en joignant un rapport spécial daté du 6 novembre 1944, résumant les interrogatoires de prisonniers de guerre Italiens évadés ayant travaillé à la fabrication des V1 à Thil !
Les échanges se poursuivent Michael envoie de nouvelles photos à identifier, dont celles d’un château. Interrogations… non, non, personne ne voit de quel château il s’agit.
Douze jours plus tard, une visite présidentielle à Nancy, oblige à modifier l’itinéraire prévu pour livrer une exposition. Au retour, erreur à un carrefour, une route de campagne, quand soudain sur la gauche, un château. Sans les photos de Michael, et sans appareil photo. Appel aux souvenirs, cela ressemble fortement,… s’imprégner des images et les enregistrer. Deux heures plus tard, vérification sur l’ordinateur, incroyable, mais vrai ! C’était bien le château de Manonville. Aussitôt informé, Michael est heureux, son père y avait été accueilli en octobre 1944. Il est maintenant lui en contact avec les propriétaires actuels, les descendants des propriétaires de l’époque.

Octobre 1944, le château de Manonville

Quelque temps plus tard, à la lecture d’un livre, une photo interpelle. Scannée, elle est envoyée à Michael. « l’homme sur la gauche me fait penser à quelqu’un … »

« à gauche du Général Eisenhower, on dirait le père de Michael …»
Le lendemain, réponse de Michael, « tout juste mon ami, c’est bien mon père, je vous en joins une autre de meilleure qualité qui va vous intéresser »
12 avril 1945, Libération des camps d’Ohrdruf et Buchenwald,

Alois Liethen pilote les généraux Américains et fait office d’interprète

De gauche à droite :

Patton, Bradley, Eisenhower, A.Liethen

derrière l’épaule d’Eisenhower,

Walker, commandant le XXème Corps US


 Pour découvrir des extraits de films d'actualités montrant Alois Liethen accompagnant Eisenhower lors de la découverte des camps de concentration.

Voir à http://www.britishpathe.com/record.php?id=13237  


 Lien transmis par notre ami Edouard RENIERE de Bruxelles que nous remercions.
Et à son message, il joignait également la lettre envoyée par Alois Liethen à sa femme le 13 avril 1945, dans laquelle il décrivait toute l’horreur des camps de concentration.
Copie de cette lettre, et tous les négatifs des photos prises à cette occasion ont été donnés par Michael et ses frères au Mémorial de l’Holocauste de Washington.

Autre photo, autre page d’histoire.

Juin 1945, Tutzning (Bavière)

 Guy de la Vasselais, officier de liaison français auprès du XXème Corps US à gauche, et Alois Liethen

« Le colonel Guy de la Vasselais, ancien chef de la Mission militaire française de la liaison tactique près le XXe Corps de la IIIe Armée U.S, concevait, dès juin 1944, de réaliser un souvenir grandiose de la Libération de la France. De retour d'un voyage aux États-Unis avec le maire de Metz, ils décident de commémorer la progression des armées alliées en créant une voie de la Liberté. Ils choisissent pour cela un des itinéraires les plus glorieux, le parcours triomphal de la troisième armée américaine de Patton, de son débarquement en Normandie, sa percée dans le Cotentin puis sa célèbre chevauchée historique qui l'amènera en 54 jours de la Normandie à Metz.Elle sera symbolisée par des bornes marquant chaque kilomètre du trajet de l'armée victorieuse.

En mars 1946, l'association Belgo-américaine proposent aux Français de la prolonger jusqu'à Bastogne et le 5 juillet 1947, a lieu la pose officielle de la borne terminale à Bastogne. Le 16 septembre de la même année, c'est au tour de la borne originelle à Sainte-Mère-Église.

L'inauguration de la voie a lieu le 18 septembre 1947 àFontainebleau. » (Wikipédia)
La Croix de Guerre avec palme de Vermeil
Pour avoir retrouvé le patrimoine des Invalides
Alois Liethen est décoré de la Croix de Guerre avec palme de Vermeil pour avoir retrouvé les drapeaux français subtilisés aux Invalides par les Allemands. Parmi ces drapeaux ceux du 309ème Régiment d’Infanterie pris le 11 août 1914 à Lagarde, et celui du 139ème Régiment Territorial pris à Rozelieures le 25 août 1914, mais restitués à la France dans le cadre du Traité de Versailles.
Ces drapeaux, et une impressionnante collection de pièces d’artillerie, provenant des Invalides avaient été retrouvés par l’équipe d’Alois Liethen en juin 1945, dans le cadre d’une mission de routine.
Symboliquement, c’est dans la « Salle des drapeaux des Invalides » que le 17 août 1945,  le Général Juin décorait les hommes à l’origine de cette découverte.



17 août 1945,
Salle des drapeaux des Invalides, décoré par le Général Juin

Les hommes de IPW 69 ont fait le voyage dans l’avion de Patton avec le Général

Premier à droite Alois Liethen


 


Pas de doute c’est avec plaisir que seront exposés dans l’Espace de Mémoire Lorraine 1939-1945, pour la saison prochaine,

l’insigne d’Alois Liethen, et quelques unes de ces photos .

Un grand merci Michael !

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