retour actualité        Accueil          L'évasion de Claude Edward Raoul-Duval en 1943

  Claude Edward RAOUL-DUVAL 
Jamais 2 sans 3

Une fois encore un grand MERCI à Bertrand Hugot qui vient de prêter à l’association quelques pièces du Spitfire de Claude RAOUL-DUVAL,pilote des FAFL, Compagnon de la Libération.


Pièces exposées sans attendre dans la vitrine consacrée aux FFL
à coté du morceau d’hélice de Spitfire du Squadron 340 signé par 3 autres Compagnons de la Libération autre prêt de Bertrand.




Spitfire IX BS548

Lt Claude RAOUL-DUVAL FAFL

Squadron 341 “Alsace”

Spitfire BS548

Fin 1942, le Spitfire BS548, alors affecté au 340 Squadron (“Ile de France”)

http://www.ina.fr/video/AFE00003032/depart-d-avions-de-chasse-a-croix-de-lorraine-video.html

Pièces du Spitfire IX BS 548, piloté par le Lieutenant Claude Raoul-Duval, du  Squadron 341 (Alsace), lorsqu’il fut abattu le 17 avril 1943 au dessus du Havre, au cours d’une mission (Circus 286) menée par 12 appareils, conduite par le commandant René Mouchotte.
Blessé aux jambes, Claude Raoul-Duval parvient à sauter en parachute et à se soustraire aux recherches. Pendant six mois il participe activement à la Résistance, servant de convoyeur pour les réseaux Comète et Bourgogne, faisant évader plusieurs aviateurs alliés abattus.
Il revient lui-même en Grande-Bretagne en octobre 1943 grâce à une difficile évasion commencée en août 1943, qui l'oblige à traverser à pied les Pyrénées et une partie de l'Espagne, en ramenant avec lui deux équipages de forteresses volantes abattus.
Réaffecté immédiatement au groupe "Alsace", il reprend le combat et prend part à toutes les opérations de l'année 1944 d'Angleterre d'abord, de France, Belgique et Hollande ensuite. Au cours de cette année, il effectue 76 missions offensives au-dessus du territoire ennemi.
Au total, le capitaine Raoul-Duval a accompli 160 missions, totalisant 220 heures de vol de guerre.

Claude Raoul-Duval en 1943


SOURCE : http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/824.html

Localisés par le chercheur Laurent Viton, les restes de l'avion ont été mis au jour près du Pont de Tancarville en septembre 2012 en présence de Claude Raoul-Duval.

Septembre 2012

Claude Raoul-Duval assiste aux fouilles qui permettront de retrouver près de 90% de son avion. Il dédicace des pièces pour les membres de l’équipe.

SOURCE : http://aviationarchaeology.co.uk/2012-digs/spitfire-ix-bs548-france


Mai 2014

Le Spitfire de Claude RAOUL-DUVAL sera restauré en Australie


Le Fana de l’Aviation n° 534 – Mai 2014

Pour en savoir plus sur Claude RAOUL-DUVAL





L’article de 14 pages de Bertrand dans AVIONS n° 196 de novembre-décembre 2013.




http://www.lepoint.fr/politique/on-me-croyait-mort-romain-gary-m-a-embrasse-en-pleurant-20-05-2010-1273728_20.php
http://www.rtl.fr/emission/le-choix-de-yves-calvi/ecouter/claude-raoul-duval-le-d-day-j-ai-vole-au-dessus-des-champs-de-bataille-du-debarquement-7761186636

Une fois encore MERCI à Bertrand qui était aussi à l’origine du don des plaques PSP récupérées cette semaine.

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   L’évasion de Claude Edward RAOUL-DUVAL en 1943  

Merci à notre ami Edouard de Bruxelles, qui ayant découvert le nouveau prêt de Bertrand Hugo s’est empressé de nous communiquer le texte qu’il a rédigé sur l’évasion de Claude Raoul-Duval.
Rappelons qu’Edouard est également un chercheur acharné et l’un des responsables d’un formidable site dédié au Réseau Comète : http://www.evasioncomete.org/
Merci Edouard, tu es toujours un champion !

L’évasion de Claude Edward RAOUL-DUVAL en 1943

Pilote du Spitfire BS548 – abattu le 17 avril 1943 lors d’une mission « Circus » (Circus 286) sur Triqueville.

Peu après son atterrissage dans un arbre d’un bois près de Tancarville, Claude RAOUL-DUVAL abandonne son parachute dans l’arbre, se débarrasse de son équipement et de sa Mae West (gilet de sauvetage gonflable), ne gardant sur lui qu’un pull roulé bleu marine et le pantalon de même couleur de son battle-dress. Il s’enfuit à quatre pattes à travers les broussailles pour échapper à une patrouille allemande l’ayant aperçu lors de sa descente en parachute. Il court alors pendant deux heures à travers le bois (le Bois de la Hèse ?) Originaire du Havre et connaissant bien la région, son but est d’atteindre Saint-Wandrille-Rançon, à l’est de Caudebec-en-Caux, du côté nord de l’estuaire de la Seine.

A la sortie du bois, il s’adresse à une ferme juste au nord de Tancarville où le fermier, bien qu’aimable, lui fait comprendre qu’il ne peut l’héberger, la ville étant trop proche. L’homme le mène cependant à une ferme plus au nord, où il peut passer la nuit. Le lendemain 18 avril, Claude marche par des chemins de traverse pour atteindre Saint-Wandrille vers midi. Là, des amis l’hébergent jusqu’au lendemain. Le 19 avril, sur conseil de ses amis, il se rend à Mont-de- l’If, à une dizaine de kilomètres au nord-est, pour y rencontrer un homme. Celui-ci hésite, rendu méfiant après qu’un fermier de la région ait été abattu pour avoir apporté de l’aide à deux Allemands s’étant fait passer pour des aviateurs Britanniques. Rassuré quant à l’identité de Claude, l’homme le guide alors jusqu’à une ferme à La Folletière, à 2 ou 3 kilomètres de là. Il y reçoit des vêtements civils et une fausse carte d’identité avant d’être mis en contact avec une organisation. Les deux pages de son rapport d’évasion SPG 3315/1471 s’arrêtent là et le rédacteur de la présente ne dispose pas des annexes, notamment l’Appendix A donnant la liste de ses « helpers », les personnes qui l’ont aidé dans son évasion.

On rapporte par ailleurs qu’il passe 1 mois dans une ferme près de Rouen jusqu’à ce qu’une Madame MINOU ( ?), qui travaillait à Rouen avec deux agents du British Intelligence Service, prenne contact avec Elisabeth BARBIER. Elisabeth habitait au 72 Rue Vaneau, Paris VIIe et dirigeait le Groupe Vaneau, travaillant avec le réseau belge Comète et l’organisation « Oaktree », dirigée par le russe Vladimir BOURYSCHKINE. Surnommé « Val WILLIAMS), Bouryschkine, né à Moscou, élevé aux Etats-Unis, émigré en France, aidant à l’évasion dans la ligne Pat O’Leary avant de s’évader lui-même de France à l’automne 1942, se porta volontaire pour former un nouveau réseau d’évasion en France (« Oaktree ») et fut parachuté sur Rambouillet, près de Paris le 20 mars 1943 avec son opérateur radio Raymond LABROSSE.

Elisabeth BARBIER accepte donc de prendre RAOUL-DUVAL en charge dès son arrivée à Paris. Il arrive dans la capitale le 22 ou 23 mai et téléphone à son père Roger qui habitait 43 Rue du Faubourg Saint-Honoré. Comme Claude mentionne le nom d’Elisabeth, son père dit qu’il la connaît et qu’il peut lui faire entièrement confiance.

Impatient de retrouver sa fiancée, Josette DEVIN, qui habitait Bordeaux, Claude lui demande de monter à Paris. Les deux jeunes gens se retrouvent à Paris et ils s’y marient le 27 mai. Le lendemain, Elisabeth BARBIER présente Val WILLIAMS à Claude et il fera partir le couple vers la Bretagne le 29 mai en vue de les faire partir par bateau vers l’Angleterre. Malheureusement, ce projet ne peut se réaliser, ce genre d’évacuations par mer venant d’être abandonné. En conséquence, Claude et Josette sont dirigés vers Saint-Quay-Portrieux, dans les Côtes-du-Nord (Côtes d'Armor) en Bretagne, pour y être hébergés par Madame Marie-Louise CHARNEAU… qui s’était occupée de Claude durant son enfance.

Claude et son épouse y sont rejoints par d’autres évadés, dont trois membres de l’équipage du B-17 « Lady Godiva » - 42-29878 du 379th Bomb Group / 526th Bomb Squadron, abattu lors de la première mission de l’équipage le 29 mai 1943 sur la base de sous-marins allemands de Saint-Nazaire. Il s’agit du pilote, le 1st Lt Theodore M. PETERSON, de l’opérateur radio T/Sgt John M. SCOTT et du mitrailleur droit Sgt William « Bill » Toye AYRES.

La maison de Madame CHARNEAU déborde littéralement et pas moins de 12 aviateurs évadés étaient cachés chez elle à ce moment. Vu les changements intervenus dans l’organisation, les aviateurs sont ramenés le 31 mai sur Paris par l’organisation de Val. PETERSON, SCOTT et AYRES sont du voyage, mais seuls les deux premiers parviendront à rejoindre l’Angleterre. A un certain moment, alors qu’ils se trouvaient ensemble, AYRES décida de tenter sa chance tout seul et fut arrêté par les Allemands.

Claude et Josette, quant à eux, étaient restés chez Madame CHARNEAU. Suite à une vague d’arrestations dans le Groupe « Oaktree », dont celle de Val WILLIAMS, il faut faire bouger les évadés cachés dans la région et Claude, actif à présent comme courrier dans « Oaktree », est chargé d’une de ces missions de guide. 5 aviateurs américains étaient cachés chez Madame Emilie CELLARIÉ à « La Chimère » au 25 Rue des Dalliots, Quartier des Dalliots, à Tréveneuc, au nord de Saint-Quay-Portrieux. (Voir http://www.evasioncomete.org/fluehrsjo.html). Il s’agissait de cinq membres de l’équipage du B-17 « Boot Hill » du 96th Bomb Group / 338th Bomb Squadron, abattu par des chasseurs FW190 et la Flak lors de la mission du 17 mai 1943 sur la gare de Lorient : le pilote, 1st Lt Louis L. HALTON, l’opérateur radio T/Sgt Glen WELLS, le mitrailleur droit S/Sgt Miles G. LOUDENSLAGER, le mitrailleur ventral S/Sgt Roy A. MARTIN et du mitrailleur gauche S/Sgt William C. MARTIN.

Claude RAOUL-DUVAL alla les chercher chez madame CELLARIÉ pour les mener le 10 juin jusque chez la comtesse Roberta de MAUDUIT au château du Bourblanc, à Plourivo, à 5km au sud-ouest de Paimpol. (Voir  http://www.evasioncomete.org/ffitzgeam.html )

Deux jours plus tard, agissant sur base de renseignements communiqués par la traître Roger le NEVEU à la solde des Allemands, la Gestapo se présente au château, n’y trouve pas d’aviateurs, mais découvre certains vêtements leur ayant appartenu. La comtesse de MAUDUIT est arrêtée et incarcérée à la Prison de Fresnes avant de partir vers les camps en Allemagne, passant par celui de Ravensbrück. Elle survivra et reviendra en France au printemps 1945.

Les cinq aviateurs américains, vraisemblablement avertis avant le raid, retournent à pieds nus la maison d’Emilie CELLARIÉ. Comme celle-ci logeait encore un autre américain blessé, elle estima qu’il était trop dangereux de garder les cinq revenants et Claude leur trouve donc du logement ailleurs, trois allant chez Madame CHARNEAU, chez qui Claude et Josette logeaient encore, les deux autres étant placés ailleurs. Les cinq aviateurs convoyés par Claude parviendront à rejoindre l’Angleterre via l’Espagne.

Claude poursuit son activité avec Raymond LABROSSE ayant pris le relais de Val. Josette part pour Paris le 28 juin et Claude la rejoint le 1er juillet. Ils recherchent un moyen de quitter la France et d’aider les évadés se trouvant en Bretagne à faire de même. Comme de nombreuses arrestations ont perturbé les services, aucune des organisations de Paris ne peut les aider. Claude prend dès lors contact avec le BOA (Bureau des Opérations Aériennes) à Londres, qui lui non plus ne peut leur venir en aide. Le BOA demande cependant à Claude s’il peut rester à Paris et travailler pour eux et Claude marque son accord pour autant qu’il reçoive un document officialisant la chose. Au même moment, le père de Claude l’avise de ce qu’un homme à Paris déclare qu’il a été envoyé depuis Londres pour organiser le rapatriement d’aviateurs. Claude rencontre l’homme en question, qui se révèle être Georges BROUSSINE (alias « Jean-Pierre »), chef de l’organisation « Burgundy » (« Bourgogne »).

Claude développe alors un abcès dans sa dent de sagesse, ce qui restreint ses mouvements pendant une quinzaine.de jours. Josette retourne alors vers Saint-Quay-Portrieux, de même que Raymond LABROSSE et à eux deux ils escortent le 15 juillet jusqu’à Paris les sept aviateurs qui étaient restés chez Madame CHARNEAU. Il y a un moment de panique à la gare lorsqu’un gendarme demande ses papiers à l’un des Américains. LABROSSE s’éclipse, mais le gendarme laisse passer l’aviateur sans lui poser de questions. Josette retrouve LABROSSE par après et ce dernier remet alors les évadés à Georges BROUSSINE pour lequel il travaillait dorénavant.

A la fin juillet, Claude, ayant récupéré, attend toujours des nouvelles du BOA, avec lequel il avait perdu le contact. Le 1er août, il décide que le temps est venu de partir avec Josette pour l’Angleterre. Il s’en ouvre à BROUSSINE qui lui dit de patienter, l’argent faisant défaut. Finalement, le 24 août, BROUSSINE parvient à faire évacuer en train jusqu’à Foix, via Toulouse, Claude, Josette, deux officiers français souhaitant atteindre l’Afrique du Nord et quatre Américains.

Le 26 août, le groupe quitte Foix, traverse les montagnes en direction d’Auzat (Ariège) et après une marche d’environ 36 heures, arrive près du Pic de Tristagne (Pic de Tristaina) avant de passer en Principauté d’Andorre. Une voiture les conduit en direction d’Andorra la Vella, les dépose avant la ville et les évadés poursuivent leur progression à pied jusqu’au Pic du Monturull. Ils passent en Espagne et arrivent à Josa de Cadi où ils passent la nuit. Pendant les cinq jours suivants, ils marchent en moyenne 18 heures par jour avant d’arriver à Manresa. De là, ils prennent un train pour Barcelone où ils arrivent le 6 septembre. Le 3 octobre, Claude et Josette prennent un bateau à Gibraltar et arrivent à Gourock, en Ecosse, le 17 octobre. Claude RAOUL-DUVAL est interviewé le lendemain par IS9 W (Bureau n° 9 de l’Intelligence Service, le service W étant particulièrement chargé de l’interrogatoire des évadés à leur retour en Angleterre.)



Extrait du rapport d’évasion de John M. SCOTT ( http://media.nara.gov/nw/305270/EE-70.pdf  )

                                                                                                                  Edouard Renière – 19 mai 2014.


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