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   Marcel BURGE s’en est allé  

 

C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris hier la disparition de Marcel BURGE, le grand-père de notre ami Médérick.

 

Marcel Burgé est né le 15 août 1920 à Frolois.

En juin 1943, avec quatre de ses amis de Ceintrey (dont Louis Pautrat) et de Pulligny, ils décident de rejoindre les Forces Françaises Libres.

Ils passent la frontière espagnole le 29 juin 1943 et sont arrêtés par la « Guardia Civil ».

Marcel Burgé passe par la prison de Gérone, avant d’être interné du 30 juin au 29 décembre 1943 dans le sinistre camp de Miranda.

 

Lire ci-dessous la biographie rédigée et transmise par Médérick

 

Marcel Burgé était titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945, avec deux étoiles de bronze (2 citations) de la Médaille Militaire, de la Croix du Combattant, de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, de la Médaille des Evadés de France, de la Médaille des Internés Résistants.

En 2017, il avait été fait chevalier de la Légion d’Honneur. Cette prestigieuse décoration lui avait été remise le 18 juin 2017 par notre regretté vice-président, Fernand Nedelec.

 



18 juin 2017

Photos : Médérick Burgé


Marcel Burgé

Le 02 Mars 1943, alors qu’il fait la fête à «La Viennoise», il est raflé avec dix autres de ses camarades conscrits.

Pendant qu’il est incarcéré à la prison Charles III de Nancy, presque 200 autres jeunes eux aussi raflés au même moment dans les quartiers Nancéens sont déportés au sinistre camp de concentration de Mauthausen.

Seuls 98 rentreront au Pays à la fin de la guerre...

Il ne doit sa libération que parce qu’il travaille aux aciéries de Neuves-Maisons.

De retour dans notre Saintois, il ne peut s’empêcher de penser à cet emprisonnement.

Il pourrait de nouveau être attrapé et forcé à aller travailler en Allemagne pour le STO...

Le destin va être forcé par Louis Pautrat de Ceintrey.

De passage par Pulligny, il veut rejoindre De Gaulle via l’Afrique du Nord.

Ils se retrouvent ainsi à 5, bien décidés à aller se battre.

Passant par Paris où Louis pense trouver le soutien d’un oncle, ils sont contraint de partir sans aide.

Ils descendent vers l’Espagne et se font attraper au passage du Perthus.

Emprisonnés un temps à Gérone, ils sont finalement transférés au sinistre camp concentrationnaire de Miranda le 29 septembre 1943.

Alors que ses Camarades d’infortune sont libérés un mois auparavant, Marcel Burgé sort finalement le 29 décembre 1943 grâce à des tractations entre le gouvernement fasciste de Franco et les Alliés.

Il résumera cette période de 6 mois d’emprisonnement par ces quelques mots : «Nos vies ne valaient pas grand chose à l’époque, juste un peu de blé ou de pétrole !».

Il part ensuite de Malaga pour Casablanca, au Maroc, Il s’engage auprès de la 1ère Armée de Libération dans les troupes coloniales de l’infanterie, puis choisi une unité d’élite.

Le célèbre Bataillon de Choc étant complet, une seconde unité jumelle est créée : les Commandos de France.

Il est entraîné aux différentes techniques de combat par des Commandos SAS Britanniques puis aux sauts en parachute par des formateurs Américains jusqu’au 02 octobre 1944.

Ces durs entraînements mettent à mal leur impatience : une première alerte le 21 juillet 1944 précédent.

Le Maquis du Vercors est encerclé par les Allemands et des troupes aéroportées seraient la solution idéale pour leur venir en aide, d’autant plus que les Commandos de France sont entraînés pour ce genre de situation.

Les Américains en décident autrement et refusent de les armer et de leur fournir les appareils nécessaires aux largages, mettant l’unité «Hors Rang»...

En effet, ceux-ci sont hostile à De Gaulle, cette unité «roulant» pour lui, et lui préfère Giraud, plus malléable...

Nouvelle alerte quelques semaines après : l’ensemble des matériels et véhicules sont embarqués mais le départ est annulé au dernier moment...

Le 10 octobre 1944, troisième alerte :

Cette fois-ci, les Gradés préviennent les autorités qu’en cas de nouvelle déconvenue, ils ne pourront pas empêcher les Soldats de monter à bord de force.

C’est enfin le départ vers le Pays, à bord du croiseur léger le «Montcalm» en direction de Toulon.

L’émotion est à son comble lorsque les troupes entonnent la Marseillaise à la vue des côtes Françaises.

Sitôt débarqués, les troupes entament la remontée de la Vallée du Rhône sans trop d’accrochages.

Marcel sera tout de même blessé par la chute d’une poutre après l’explosion d’une grenade ennemie et sera un temps hospitalisé sur Lyon.

Il y rencontre la chanteuse Edith Piaf alors en tournée dans le secteur pour remonter le moral des Soldats.

Celle-ci lui offrira même un foulard !

Les choses vont définitivement changer le 03 novembre 1944.

Arrivés près de Gérardmer, les unités se rassemblent afin de monter à l’assaut d’un petit bourg appelé le Haut-du-Tôt.

L’assaut se présente mal car les blindés sont coincés par des mines dans la vallée mais celui-ci est tout de même maintenu.

Alors qu’ils sortent des bois pour accéder au sommet, le brouillard qui les avait cachés jusque-là se lève soudainement, découvrant leurs positions.

Les Allemands sur les hauteurs font feux avec leurs mortiers et leurs mitrailleuses.

60 Français y resteront, les blessées appelant leur Mère plutôt qu’un quelconque dieu...

C’est un véritable choc, chacun se croyant invulnérable...

Marcel y perdra la foi devant les corps démembrés, voyant ce qu’un homme peut faire à un autre...

Ce n’est que le début de la terrible campagne d’Alsace qui va suivre, coûteuse en Hommes.

Du village Alsacien de Masevaux jusqu’à Belfort, puis la libération de Besançon où son unité est passée en revue par De Gaulle, Churchill et De Lattre le 13 novembre 1944, les combats sont rudes.

Il est mis au repos du 02 au 25 décembre 1944 et il en profite pour revenir à Pulligny où il rencontre celle qui deviendra sa Femme.

Ils correspondent 3 fois via La Croix Rouge jusqu’à la fin de la guerre.

Il reçoit une première citation à l’ordre de la brigade pour avoir neutralisé un nid de mitrailleuse allemande lors des terribles affrontements pour la libération du petit village de Durrenentzen.

Puis les combats reprennent en Forêt-Noire et continuent jusqu’au Tyrol, où les derniers coups de feux claqueront.

Son unité, en allant planter son drapeau au sommet de l’Arlberg en Autriche, a été l’unité Française qui ce sera enfoncée le plus loin vers l’Est.

Lors de la capitulation Allemande, De Lattre, représentant la France, ne porte qu’un seul insigne sur son uniforme : celui des Commandos de France.

De nouveau, Marcel reçoit une nouvelle citation à l’ordre de l’armée cette fois-ci remise par De Gaulle, en récompense de l’ensemble des actions Commandos menées au cours de ce périple et confirmant ainsi définitivement les traditions et la doctrine des Troupes de Choc avec cette devise : «En Pointe, Toujours !».

Il défile sur les Champs Élysée le 18 juin 1945 et est démobilisé le 11 novembre 1945.

Un film, les Démons de l’Aube, réalisé par Yves Allégret, avec Simone Signoret, Jean Carmet et Georges Marchal, lui aussi membre des Commandos de France sortira en 1946.

Marcel et ses Frères d’Armes étaient entrés dans la légende ! »

Médérick Burgé, 3 novembre 2020

 

 

A Médérick et à toute sa famille, nous présentons nos plus sincères condoléances.



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