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   Un grand merci à Monsieur Pierre GIRARD  

81 ans après, la pièce du Do 17 de retour au pays…

 

Il y a quelques jours, un appel téléphonique de Monsieur Pierre Girard domicilié à Bordeaux.

Monsieur Girard souhaite savoir si une pièce d’avion, qu’il a lui-même ramassée en 1940, pourrait avoir sa place à l’Espace de Mémoire …

La réponse positive jaillit sans attendre !

Pierre Girard est originaire de Vitrey où réside encore une partie de sa famille.
Lui, après ses études, et son service militaire, diplôme d’ingénieur en poche, va longtemps sillonner la France au rythme de ses affectations professionnelles.

Lorsque l’heure de la retraite a sonné, c’est à Bordeaux qu’il a posé ses valises, et c’est là qu’il réside encore aujourd’hui.


Mai 1940, il n’a que 12 ans lorsqu’il assiste à la chute d’un avion allemand à proximité du bois d’Anon à Goviller.

Juin 1940, la défaite, l’armistice est signé par la France le 18 juin. 18 juin, jour de l’Appel du général de Gaulle, et plus près de nous, 18 juin, jour du second bombardement allemand sur Vézelise qui fera 46 tués…

La France vaincue est partagée en deux zones, une zone libre et une zone occupée… sans oublier une « zone interdite » dans laquelle est englobée la Lorraine, à l’exception de la Moselle qui, avec l’Alsace, sera bientôt annexée.

La présence militaire allemande sera particulièrement importante dans cette zone frontière.

Quelques semaines plus tard, c’est à vélo, Pierre Girard se rend sur les lieux du crash.

Le jeune garçon décide de ramener un souvenir, une pièce de cet avion abattu par la chasse française. Avec précaution, il ramène sa prise de guerre à Vitrey.

Ce « trophée » ne l’a pas quitté, il l’a encore chez lui. Il se souvient qu’un aviateur allemand a été tué, et qu’il a été inhumé dans le cimetière de Goviller. Ce n’est qu’après la guerre que le corps a été transféré.

« Elle vous intéresserait cette pièce ? »

« Oh que oui, bien sûr Monsieur Girard, elle aurait tout sa place à l’Espace de Mémoire ! »

« Rassurez vous, il n’y a aucune condition, je vais donc vous l’envoyer …»

« Merci beaucoup Monsieur Girard !»

Après cette conversation, un rapide message laissé sur le téléphone portable de Bertrand, dont on connait la passion pour l’aviation de l’époque…

Moins de 10 minutes plus tard, s’affichent sur l’écran de l’ordinateur trois pages du JMO du groupe de chasse II/5 relatant l’attaque d’un Dornier P 17 allemand par 5 Curtiss H75 français le 20 mai 1940…

Le JMO indique bien qu’un des trois membres d’équipage de l’avion allemand a été mortellement blessé.

 

Extrait du JMO du GC II/5 20 mai 1940 – S.H.D. Bertrand Hugot

 

Le GC II/5 est à cette époque basé sur l’aérodrome de Toul Croix de Metz. Les noms des cinq aviateurs ayant pris part à l’attaque figurent dans le rapport.

Rarement une identification n’aura été aussi rapide !


 Bundesarchiv Bild 101I-341-0456-04, Frankreich, Flugzeuge Dornier Do 17

Il reste encore à s’excuser auprès de Joël qui attend des images pour illustrer un récit qu’il est en train de rédiger.

Excuses, explication des raisons du retard ….

« oui, oui, c’est un Dornier, juste à proximité du bois d’Anon ! » …

« mais comment sais tu ça ? »

« mon frère Roby aussi avait été voir l’avion, d’ailleurs il avait pris une photo,… je dois l’avoir, je vais la rechercher .. »

« il avait aussi ramené une mitrailleuse de l’avion, mitrailleuse que mon père a aussi détruite et fait disparaitre ! »

Ça ne fait pas une heure que Monsieur Girard a téléphoné, la pièce n’est pas encore envoyé, que l’identification est déjà terminée !

Rarement cela aura été aussi rapide !!!

Il restera encore à retrouver la photo et aller consulter le registre d’état civil de la commune de Goviller pour découvrir l’identité de l’aviateur allemand tué.

Début de semaine, second appel de Monsieur Girard.

« La pièce est en route !»                                                            

 « Merci de me dire quand elle arrivera …»

On parle un peu de cette période, les souvenirs remontent à la surface, « l’état major français était installé dans notre maison »  information confirmée par Roger Bruge dans « Les combattants du 18 juin », tome 4 : le cessez le feu, éditions Fayard, 1988 : « A Vitrey se trouve le P.C. du 21ème Corps français » !

Hier après-midi, un tour à la boite aux lettres… surprise, un carton « colissimo » …

Ouverture, découverte, la pièce est là, parfaitement conservée, parfaitement légendée !

Cela fera bientôt 81 ans qu’elle était gardée par celui qui l’avait récupérée…

 

Elle sera dès cette année présentée dans l’Espace de Mémoire

Un très grand merci à Monsieur Pierre Girard !


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