18 juin 1940 Alcide
Guibert et Robert Dion,
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"Cher oncle et Chère tante.
Je
suis très bien arrivé et en bonne santé. Ici il pleuvait cette
après-midi mais le temps est bon. Il se passe en corvées de patates.
Cher oncle, tu connais cela, hein!,
Cher oncle et tante, cousins et cousine, bien des amitiés.
Alcide." |
" Cher oncle, tante et la famille
La santé est bonne, et je serais si heureux si je savais qu'il en est de même pour vous tous.
Veuillez
faire part de ma lettre à tous les parents. Si vous pouviez me répondre
pour donner des nouvelles de toute la famille et aussi celle de Virelles, cela me ferait énormément de plaisir car j'ignore
complètement quel est leur sort. C'est bien dur.Et mon petit Florent?
Des baisers et amitiés
Votre neveu et cousin. Alcide." |
"Vous
avez bien voulu, il y a quelque temps, nous adresser une demande de
renseignements concernant votre fils Guibert Jean (1).Nous regrettons
vivement de n'avoir pu recueillir, jusqu'à présent, aucune information
à son sujet. Nous vous serions obligés de bien vouloir nous faire connaître si, de votre côté, vous avez pu obtenir de ses nouvelles. Nous vous remercions à l'avance et vous prions d'agréer, l'assurance de notre considération très distinguée. AGENCE OFFICIELLE DE RENSEIGNEMENTS
BLESSES ET PRISONNIERS DE GUERRE LE DIRECTEUR M. POLI (2)" |
"
En réponse à votre demande, nous avons l'honneur de vous faire savoir
que des démarches sont faites par l'intermédiaire de la Croix Rouge
Internationale aux fins de retrouver la (les) personne(s) que vous
recherchez. Nous espérons être sous peu en possession du renseignement, que nous vous communiquerons alors immédiatement. Si entre-temps vous étiez fixé au sujet de la (les) personne(s) absente(s), nous vous prions de vouloir bien nous avertir. Veuillez croire, Madame, à l'expression de nos sentiments distingués. "
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"
J'ai fait votre connaissance dans une bien triste circonstance... Comme
le vôtre, je crois mon fils tué dans cette fameuse retraite de Verdun,
ce lieu qui a déjà bu tant de sang en 1914-1918...
Je me rendis, à toutes fins de recherches, à Vézelise (Meurthe et Moselle-France) et n'ai rien trouvé quant à mon fils... Votre cher enfant, comme vous dites très bien, a donc lui, trouvé la mort dans cet endroit que vous n'oublierez jamais... Il a été tué dans un bombardement à Vézelise, le 18 juin dernier.. .Il est enterré - oserai-je vous le dire?..- sans cercueil - Si vous vous rendez jamais à Vézelise, comme je m'y suis rendu moi-même aux mêmes fins, je vous conseille d'abord d'obtenir, des Autorités Militaires, les papiers en règle et ensuite, de vous faire suivre d'un cercueil, car le pays est absolument dénudé de tout objet semblable... Oui, c'est bien triste, mais il le faut absolument.... et est inhumé près de l'Hospice de Vézelise, dans une tombe seule, à l'ombre de cet établissement.. .Les renseignements sont exacts malheureusement... Ressentant la même douleur que vous et les vôtres, je vous comprends on ne peut mieux... Nous sommes frappés probablement par la même douleur... Tels
sont, Monsieur Guibert, les renseignements que je puis vous donner...
Je vous souhaite bon courage et, dans l'espoir de nous voir un jour, je vous présente, ainsi qu'à votre famille, avec mes sincères condoléances, l'expression de mes sentiments affectueux..." |
"Bien chers camarades. Je fais réponse à votre lettre qui nous a bien surpris d'après la nouvelle que vous venez de nous apprendre. Vous nous dites qu'il y a un certain individu qui vous a fait savoir qu'il avait découvert la tombe de votre fils Alcide mais nous pouvons pas comprendre cela car il y a plusieurs personnes qui s'appellent Guibert et qui peut se rapporter avec l'âge du votre car il y en a beaucoup que l'on a dit morts et maintenant qui sont revenus, enfin tant qu'à nous nous ne pouvons pas nous mettre une idée pareille dans la tête. Même Alcide n'a pas combattu puisqu'il était de la classe 40. Tous les soldats de l'active n'ont pas pris les armes puisqu'ils ont été évacués par trains expresse sur la France. Il ne faut pas croire tout ce qu'on vous raconte car vous savez il y en a toujours pour mentir aux gens. D'ailleurs à Walcourt, il y a un camarade de Félix qui était sergent avec lui, on l'avait dit mort et voilà quelque temps que ses parents viennent d'en recevoir des nouvelles il est en Allemagne. Et combien de cas comme ça encore. Mais il ne faut pas vous décourager car vous n'avez pas toujours encore reçu des nouvelles qu'il était bien mort. Enfin prenez toujours courage. Maintenant nous terminons notre lettre en vous serrant la main à tous. Bien des compliments à toute la famille. Enfin nous espérons bientôt aller vous voir. Et si vous recevez quelques nouvelles du maire de la commune ou vous avez écrit en France faites nous le savoir." |
"
En réponse à votre lettre j'ai le douloureux privilège de vous
confirmer qu'en effet votre enfant a trouvé la mort dans notre commune
le 18/6 dernier, lors du bombardement de notre localité. Votre fils a été inhumé dans un petit cimetière créé spécialement à cet effet, vu le nombre de victimes (47).Il repose avec ses camarades et les victimes civiles Je vais vous expédier, sous pli recommandé le portefeuille, trouvé sur lui. C'est peu de chose, mais je souhaite de tout cœur que ce souvenir apporte un apaisement à votre grande douleur devant laquelle je m'incline respectueusement en vous priant de croire que je la partage. Daignez agréer Madame, l'hommage de mon profond respect. "
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"En réponse, à votre lettre j'ai le regret, de vous dire, que je n'ai reçu aucune nouvelle ni de part ni d'autre. Soyez assuré, monsieur Guibert si j'en recevais, je m'empresserai de vous les communiquer. Avec ma reconnaissance je vous présente mes salutations distinguées. " |
"
Je m'empresse de vous répondre, vous avez fait erreur en lisant ma
lettre, je vous disais que j'espérais recevoir les papiers nécessaires
pour pouvoir me rendre à Vézelise pour l'exhumation des victimes non
identifiées, et j'ajoutais (ce n'est pas le cas pour vous autres
puisque votre fils est identifié) relisez ma lettre. Pour le rapatriement, je ne crois pas avoir à espérer maintenant. Pour moi-même j'attends toujours. En attendant, de pouvoir vous transmettre d'autres nouvelles, recevez Monsieur Guibert mes sincères salutations" |
"
Nous avons l'honneur de vous faire connaître que les autorités
d'occupation, à la date du dix décembre 1941, ont autorisé
l'exhumation, la mise en cercueil et la réinhumation au cimetière
communal, des corps des victimes, militaires et civiles, du
bombardement de VEZELISE en juin 1940. La commune de VEZELISE a l'intention de procéder à ces opérations les 19, 20, 21 janvier prochain. Vous êtes, en conséquence, invité à assister aux dites opérations d'exhumation, en vue de la reconnaissance éventuelle des victimes. Au cas où vous ne croiriez pas pouvoir vous déplacer, cette exhumation sera faite avec tout le soin désirable et nous noterons tous les éléments vous permettant ultérieurement un rapatriement, ou toute autre décision. Un rapport vous sera du reste adressé, mentionnant les particularités qui seraient de nature à vous intéresser. P.S.- Inutile, a moins d'un choix spécial, de vous préoccuper du cercueil, ceux-ci, nécessaire à l'exhumation prévue, ayant été mis à notre disposition par le service de l'ETAT CIVIL et des SEPULTURES MILITAIRES, 163, rue Jeanne d'Arc à NANCY. " |
14 mai 2011, la tombe dans le cimetière de Vézelise |