Espace de Mémoire Lorraine 39 45

Par Jérome Leclerc

« Les grandes douleurs sont muettes » écrivait Lamartine…

Mais comment rester muet quand cette grande dame que nous avons eu la chance de connaitre et d’apprécier s’en est allée…
20 ans de proximité, 20 ans de complicité.
Elle aurait eu 99 printemps le 3 décembre prochain, mais elle ne s’est jamais remise d’une mauvaise chute il y a près d’un an.
C’est peu dire qu’Isabelle, que nous appelions affectueusement Matou, était un personnage, un vrai.
Un caractère bien trempé, un tempérament rebelle, un sourire souvent malicieux, un humour parfois provocateur, un timbre de voix reconnaissable entre toutes, elle ne laissait personne indifférent.
Une seule rencontre avait suffi pour que se noue ce lien qui vient d’être brisé brutalement.
Suivant l’association depuis sa création, elle en sera une ambassadrice exceptionnelle.
Tout naturellement c’est elle qui symboliquement coupa le ruban lors de l’ouverture de l’Espace de Mémoire en avril 2011.
Jusqu’à l’assemblée générale de 2016, sa dernière escapade en voiture, elle surprenait tout le monde, venant, seule, au volant de sa petite Smart, pour rencontrer les visiteurs et évoquer ses souvenirs de Résistance. Tous étaient conquis par sa simplicité, son humour et sa jeunesse d’esprit.
Cette année encore, elle avait une place particulière dans l’exposition consacrée aux femmes dans la Résistance.

Etudiante, elle entre très tôt en Résistance, multipliant les actes de désobéissance. Recrutée d’abord par le professeur Médard, puis par Robert Parisot, le patron du BOA en Meurthe-et-Moselle, elle sera sollicitée pour servir comme interprète à la Libération. C’est là qu’elle se fera remarquer par le général Patton après un échange plutôt musclé lors de leur première rencontre. Agréablement surpris par cette « petite chose », le général la recrute comme interprète. Elle le suivra en Belgique, à Luxembourg, et en Allemagne. Patton la libérera de son engagement, lorsque son fiancé, l’aspirant Francy Mangin, fait prisonnier en juin 1940, sera libéré par l’avance des troupes alliées.
Toute sa vie, Isabelle restera une inconditionnelle admiratrice du général Patton.
De retour à la vie civile, elle épousera son fiancé, et entamera une brillante carrière d’enseignante au lycée Poincaré de Nancy.
Elle eut la douleur de perdre Francy en février 2009.
Isabelle était également vice-présidente de Lorraine Résistance.
Depuis le début de l’année l’état de santé de Matou se dégradait sans espoir d’amélioration.
L’association perd une figure marquante et des plus attachante,
Ce soir le vide est immense.
Ses obsèques seront célébrées ce vendredi 20 octobre à 10h30 en la basilique Notre Dame de Lourdes, 149, avenue du Général Leclerc à Nancy.
A toute sa famille nous présentons nos plus sincères condoléances.

Premières réactions après l’annonce de la disparition de Matou

Premier à réagir publiquement ce matin, Laurent Hénart, maire de Nancy, évoquait, dès midi, le souvenir d’Isabelle sur son compte Facebook.


	Juillet 2014, réception de Vétérans de la 35th Infantry Division

De : Saurois Francoise Envoyé : mercredi 18 octobre 2017 16:23
À : Espace de Mémoire Lorraine 1939-1945
c'est en lisant le journal ce matin que je viens de prendre connaissance de la disparition de MATOU! si elle est enfin délivrée, il ne reste pas moins que nous venons de perdre "une grande dame" comme on ne fait plus. très attristée par sa disparition, au revoir Madame Isabelle MANGIN, vous étiez et resterai un grand monument dans l'histoire de la Lorraine résistance! Ce n'est qu'un au revoir. F.Saurois REMELIUS

De : François CARDOT Envoyé : mercredi 18 octobre 2017 19:20
À : espacedememoire@wanadoo.fr
Au revoir Mme MANGIN , vous allez rejoindre tant d’autres amis et le Général PATTON !!!
Mes parents faisaient de vous une icône de la Libération
De : Edouard Renière

Envoyé : samedi 21 octobre 2017 10:59
À : 'Espace de Mémoire Lorraine 1939-1945'

C’est avec retard que j’ai découvert l’annonce du décès de notre chère Matou.
Je n’ai eu que peu d’occasions de la rencontrer, mais à chaque fois, son humour, sa modestie, son franc-parler et son indéfectible bonne humeur - "à son âge"… - m’ont épaté.
MATOU et Cindy
C’est très sincèrement que j’adresse mes condoléances à sa famille et aux très nombreux amis de sa famille élargie.
Edouard Renière
Bruxelles

De : Alain LEFEVRE
Envoyé : samedi 21 octobre 2017 15:20
À : Espace de Mémoire Lorraine 1939-1945
Objet : disparition d'Isabelle MANGIN
je n'ai malheureusement pas eu le bonheur de connaître Matou, mais grâce à toi, l'équipe de l'Espace de Mémoire et à la presse et à la télévision j'ai pu percevoir la grande dame qu'elle était.
Je partage ta peine et celle de tous ceux qui l'ont côtoyée et qui l'ont fréquentée.
Amicalement
Alain LEFEVRE

l'article d'Arnaud BEINAT publié dans le magazine Cibles n° 563 de février 2017