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Vézelise 1940, 1944 et ... 1915 !  Un don exceptionnel !

Un grand MERCI à Madame Thouvenot, qui par l’intermédiaire de notre ami Tonton, vient de faire un don exceptionnel à l’association :
-      une pochette de photos de Vézelise, après les bombardements de juin 1940, et à la Libération à l’automne 1944…
-      une pochette en excellent état « pellicules, appareils et papiers « Kodaks », un nom « Melle Gegout »,
-      22 tirages papiers et 16 négatifs…
-      cerise sur le gâteau, un cliché daté « 19 juillet 1915 »…
 
Souvenirs d’enfance… Mademoiselle Gegout ??? la sœur de Monseigneur Gegout ???
Un message, quelques heures de recherches, les choses se précisent, la localisation des prises de vue, plus de doute, c’est bien la même Mademoiselle Gegout, le fonds photos est identifié !
Marguerite Marie Eugénie GEGOUT, née à Vézelise le 24 mai 1896 et décédée à Vézelise le 18 avril 1984. En 1936, domiciliée avec sa mère au numéro 29 « place de l’hôtel de Ville ».
Vérification, elle est bien la sœur de Monseigneur GEGOUT :
« Charles Joseph Georges GEGOUT. RO : né le 18 mars 1890 à Vézelise.
Ordonné le 12 juillet 1914. 1914 : professeur au Petit Séminaire. 1928 : Directeur de l’Œuvre des Vocations. 1937 : à Paris, à l’œuvre de St François de Sales. Prélat de la Maison de Sa Sainteté. Protonotaire apostolique. »(source : http://www.bdnancy.fr/1.pdf) Décédé à PARIS (6ème) le 25 juin 1967.

 
19 juillet 1915
 
 
1940

« prise de guerre »
deux chars  français Renault R-35, sur lesquels  ont été peintes des croix allemandes



La place de l’hôtel de ville défigurée par les bombardements des 15 et 18 juin 1940

Les halles sérieusement endommagées

La maison du Colonel Nicolas (aujourd’hui maison Marne)


1944

Parfaitement identifié « 3 A », 3ème Armée (Patton),
passage d’une batterie d’obusiers M-7 « Priest » (Priest = prêtre)




Vraisemblablement un half-track  

Une colonne de jeeps

Très peu courant, sur le GMC une mitrailleuse de cal 50 refroidissement par eau

Half-track M-16 tourelle Maxon

Un peu d’histoire
Ce don est l’occasion de reproduire l’extrait du discours de Monseigneur Gegout prononcé le 16 septembre 1957 en l’église de Vézelise, publié dans le bulletin paroissial de novembre 1957.
Texte rappelant la mémoire du chanoine Martin, dans lequel sont évoqués les évènements de guerre. 
 
BULLETIN PAROISSIAL DE VÉZELISE
Novembre 1957
 
Monsieur le chanoine Charles Martin
Curé-Doyen de Vézelise (1926-1949)
En ce mois de novembre, qui nous rappelle le souvenir de nos chers disparus, il convient d'évoquer la physionomie familière de votre ancien curé.
         Personne n'a su mieux le faire que Mgr Gegout, dans l'allocution qu’il a prononcée au service de quarantaine, célébré le 16 septembre (1957) dans notre église.
         Pour les lecteurs du bulletin paroissial Mgr Gegout a bien voulu livrer une partie de son discours : nous l'en remercions.
         Après avoir rappelé ses années de vicariat à Saint-Léon, son activité de curé-reconstructeur à Chambley, l’éminent orateur retrace son pastorat de vingt-trois ans à Vézelise :
 
         C'est en 1926 que l'Abbé Martin nous fut donné pour curé. Il vint s'installer chez nous au mois de décembre, en une saison peu accueillante, mais vos cœurs, eux, furent accueillants, car vous aviez senti, n'est-ce pas, dès le premier instant, que ce prêtre-là serait tout vôtre et qu'il allait bien vous aimer.
...
         Il a aimé — ces murs nous le rappellent et je le note en premier lieu — notre chère église. Il y a fait exécuter, pour son embellissement, des travaux d'importance.
         En 1936, le décapage intérieur de l'édifice. Vous vous souvenez de toute cette saison où il fallut demander abri, pour les offices paroissiaux, à la chapelle de l'Hospice, pour permettre à des échafaudages volants d'atteindre ces voûtes, de se déplacer le long de ces murs, autour de ces piliers, afin de les dégager de l'épais badigeon dont ils avaient été recouverts au cours des siècles. Notre belle église, sans rien perdre de son cachet ancien, en fut toute rajeunie.
         Peu après, notre curé décidait d'entreprendre — opération longue, minutieuse, coûteuse — le relevage des orgues. Il acceptait de confiance diverses suggestions de connaisseurs, qui lui conseillaient de profiter de cette réfection pour compléter plusieurs jeux demeurés anormalement incomplets, pour apporter d'heureuses modernisations au mécanisme de l'instrument. Et en cela il eût quelque mérite, car il n'était pas le moins du monde musicien. On s'en rendait compte lorsqu'on tentait de chanter ne fût-ce qu'un verset de psaume en même temps que lui. Si, en effet, il était doué d'une belle voix sonore et chaude, il s'en servait dans un rythme si déconcertant qu'il était impossible de marcher au pas avec lui. Mais il était fier de nos orgues, riches déjà de quarante jeux, et n'épargna rien pour les enrichir davantage.
         Et encore, lorsque dans toute la France un grand mouvement de dévotion populaire s'en alla vers la petite carmélite de Lisieux, sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, et que presque toutes les églises voulurent posséder sa statue, il hésita longtemps, ne se résignant pas à introduire ici quelque plâtre vulgaire, moulé en série. On lui parla du sculpteur Henri Charlier, l'un des plus beaux et des plus personnels talents religieux de notre temps. Il s'adressa à lui. Et nous pouvons admirer, de la petite sainte, une représentation originale et vraiment digne, aux pieds de laquelle on peut prier.
         Et de même, après la guerre, quand il s'agit de remplacer les vitraux des petites nefs, dévastés par les bombardements, il chercha longtemps, consulta. Nous en parlâmes bien des fois. Et finalement il s'enthousiasma pour ce projet : un vitrage discret, à peine teinté, qui laisserait en valeur les sept grandes verrières qui meublent le choeur. On se contenterait de retracer, avec des armoiries, l'histoire de notre petite cité. Les Beaux-Arts approuvèrent. L'Abbé Martin ne vit pas la réalisation. Mais il sut qu'elle était conforme au projet qu'il avait chéri, et il en fut heureux.
         Une autre preuve encore de l'amour qu'il eût pour notre église, c'est ce charmant petit livret qu'il lui a consacré, détaillant ses curiosités, étudiant avec sagacité les scènes multiples de ses vitraux. S'il n'était pas, à proprement parler, historien, il avait le goût de l'histoire, l'amour et le culte du passé. Le bulletin paroissial et la presse locale ont publié de lui maintes pages savoureuses où il se plaisait à conter les trouvailles, souvent pittoresques, qu'il avait faites dans nos archives.
...
         Mais, et j'ai hâte de le dire, le prêtre n'est pas un conservateur de monuments, ni un guide de musées. Il est avant tout, pour le peuple auquel il a été donné, le représentant de Dieu, le père spirituel des âmes et le bon ouvrier de leur salut.
         Tel fut l'Abbé Martin au milieu de vous. S'il aima son église, il vous aima, vous, plus encore. Son cœur s'enracina ici aussi profondément que le cœur peut quelque part s'enraciner. Il fut toujours tout à tous : dans son presbytère, l'homme qu'on ne dérange jamais ; dans son ministère, exact, consciencieux, empressé ; dans toutes les rencontres, avec cette manière qui n'appartenait qu'à lui, et qui était faite de simplicité, de bonhommie, de familiarité, de cordialité : une manière d'être, si vous me permettez ce mot, tout à fait à la bonne franquette... Sa vie quotidienne était mêlée, d'aussi près que possible, à votre vie quotidienne. Que de fois nous l'avons vu aller par nos rues, ayant toujours, à droite, à gauche, un mot joyeux pour tous, une plaisanterie pour les enfants, parfois même une interpellation lancée de sa voix chaleureuse à quelqu'un qui passait là-bas, au loin... Il ne faisait pas de visites cérémonieuses, mais très volontiers, à l'improviste, entrait dans les maisons, tout bonnement, comme s'il était de la famille, pour causer quelques instants, souvent même sans s'asseoir. Et vraiment, il était de la famille, de toutes les familles. Est-il en effet un seul foyer où il n'ait, pendant un pastorat de plus de vingt ans, fait un baptême préparé une première communion, béni une jeune union, visité un malade, assisté un mourant, compati à une peine. Tous vous l'aimiez.
         Et vous avez senti davantage encore combien il était vôtre dans ces jours d'épreuve que vous avez vécus en juin 1940, lorsque les armées allemandes, ayant percé nos lignes, déferlaient sur notre sol. Vézelise connut alors, pendant quatre jours, ces terribles bombardements par avions qui étaient partout précurseurs de l'avance ennemie. Il y eut ici quarante victimes, parmi lesquelles des enfants de Vézelise, hélas, des réfugiés qui fuyaient, des soldats. Sous les bombardements mêmes, l'Abbé Martin ne pouvait tenir en place, dans un abri. Il courait à travers les rues, donnant aux mourants une dernière absolution, transportant sur son dos, quand il n'avait personne pour l'aider, les blessés à l'hôpital. On le vit même, dans le pré qui fut donné comme cimetière aux victimes, creuser de ses mains les tombes, y descendre les pauvres morts, et repartir au presbytère la soutane toute maculée de terre et de sang... Et quand les Allemands furent tout proches, il ne craignit pas de se rendre, avec le maire, à leur rencontre, à l'entrée du faubourg de Nancy, pour obtenir qu'il n'y eut pas de combats de rues et qu'aucun dommage ne fût fait à la population. Voilà une abnégation, un don de soi, un courage qu'il ne faudra jamais oublier.
...
         Mais s'il partagea ainsi, généreusement, nos peines, il connut aussi chez nous des joies.
         Et d'abord celle de voir monter à cet autel cinq enfants de Vézelise : l'Abbé Jean Feuillebois, dont je tiens à rappeler ici le souvenir, ce jeune prêtre plein de promesses, qui recueillit partout où il passa tant de sympathies, et qui, mobilisé comme lieutenant à la dernière guerre, devait tomber héroïquement sur le champ de bataille ; et aussi l'abbé, aujourd'hui Mgr Pierre Nicolas, prélat de la Maison de Sa Sainteté, vicaire général de Nancy ; et deux frères, les Abbés Emile et Henri Bardot ; et l'Abbé Henri Noël. Et il mit en route aussi deux autres vocations, dont l'une est toute proche d'aboutir et la seconde en bonne voie.
         Une autre joie pour lui encore : en 1933, lorsque fut célébré dans le monde entier le Jubilé commémorant le dix-neuvième centenaire de la Rédemption, il organisa, en l'honneur de la Sainte Epine que nous avons le privilège de posséder, des fêtes qui furent grandioses. Les Pères Oblats descendirent de Sion avec leurs scolastiques. On accourut des paroisses environnantes. La précieuse châsse fut portée à travers nos rues en une procession triomphale. Notre cher curé rayonnait de joie, lui toujours si attaché aux traditions du passé, à la pensée qu'il venait de raviver, envers l'insigne relique, la piété de ses paroissiens.
         Et ce fut un beau jour aussi, celui où fut inauguré et bénit le monument dû à son inspiration et à ses soins, à la gloire de la Vierge-Marie. Il s'était engagé, pendant la guerre, à élever cet ex-voto de reconnaissance à Marie pour la protection de la cité et le retour des prisonniers. De la terrasse des Capucins, la statue de Celle qu'il voulut nommer Notre-Dame du Vœu domine la ville. Chaque année, une procession aux flambeaux monte la prier de continuer à veiller sur nous. Une inscription vient d'être gravée dans la pierre, pour perpétuer la mémoire et le nom de notre cher Abbé Martin.
...
         Il avait été nommé chanoine honoraire en 1935. Il espérait bien finir ses jours parmi nous, se sentant encore assez d'entrain pour continuer son ministère. Cependant, en juillet 1949, l'autorité diocésaine l'invita à prendre sa retraite. Ce fut pour lui un véritable déchirement. J'étais alors ici, en vacances, et j'ai été témoin de son trouble et même — le mot n'est pas trop fort — de son désarroi. J'ai vu combien, sous des dehors qui pouvaient donner le change, il avait le cœur sensible et combien il vous aimait. Mais, comme c'était un bon prêtre, il se soumit. Il se retira à l'Hospice de Bayon, où lui fut donnée la consolation d'exercer encore un peu son ministère. Lorsque vint, en 1953, le cinquantième anniversaire de sa prêtrise, son successeur, M. l'abbé Schmitt, dans une pensée très délicate, lui offrit de venir célébrer dans cette église qui lui était si chère son jubilé sacerdotal. Ce fut pour lui une douceur de sentir combien vous lui étiez toujours attachés.
         Plusieurs années encore il se maintint vaillant, puis les infirmités vinrent. Si la tête et le cœur demeuraient bons, les jambes lui refusèrent d'aller et de venir. Depuis le début de cette année il ne lui était plus possible de se rendre à la chapelle, et c'est dans sa chambre qu'il devait célébrer sa messe. Il l'avait encore dite en ce matin du 7 août dernier. La nuit suivante, dans son sommeil, il rendait son âme à Dieu.
...
         Mes Frères, nous ne possédons pas sa tombe. Mais nous conserverons fidèlement, n'est-ce pas, son souvenir. Le souvenir d'un homme très bon, très indulgent, très encourageant. Le souvenir d'un prêtre qui a réellement été, au milieu de son troupeau, le bon pasteur.
         Et puis nous prierons pour lui. Dieu, sans doute, l'a accueilli de la même façon débonnaire qu'il nous accueillait lui-même lorsqu'il était notre curé. Mais nous avons envers lui une dette, en retour du long dévouement qu'il nous a donné. Et c'est la prière qui, dans l'au-delà, porte d'une façon efficace, à ceux qui nous ont quittés, notre reconnaissance et notre persévérant amour.
         Enfin et surtout, mes Frères, soyons chrétiens comme il a souhaité que nous soyons toujours chrétiens...
         A la dernière page de sa petite brochure sur notre église, il a tracé ces mots : « O bonne Mère, bénissez ce cher Vézelise, ses foyers, ses familles, ses enfants, maintenant et toujours. » N'en doutez pas, mes Frères, c'est encore là, la prière que continue de faire pour vous, pour votre bonheur terrestre et éternel, notre bon et cher ancien curé dans le ciel.
                   Mgr Ch. GEGOUT, Protonotaire apostolique.
 
(Merci à Christian Hénard pour la communication de ce document)




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